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Définition

Economie Circulaire

L’économie circulaire est un nouveau modèle économique à vision systémique. Les notions d’économie verte, d’économie de l’usage ou de l’économie de la fonctionnalité, de l’économie de la performance et de l’écologie industrielle font partie de l’économie circulaire.

Une telle économie fonctionne en boucle, abolissant ainsi la notion de « déchet »1. Son objectif est de produire des biens et services tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières, et des sources d’énergies non renouvelables.

Selon la fondation Ellen MacArthur (créée pour promouvoir l’économie circulaire2), il s’agit d’une économie industrielle qui est, à dessein, réparatrice et dans laquelle les flux de matières sont de deux types bien séparés : les nutriments biologiques, destinés à ré-entrer dans la biosphère en toute sécurité, et les nutriments techniques (« technical nutrients »), conçus pour être recyclés en restant à un haut niveau de qualité, sans entrer dans la biosphère2.

 

Historique

L’idée d’économie circulaire s’inspire notamment de Michael Braungart et de William McDonough ou plus exactement de leur formulation de la théorie « Du berceau au berceau » (formalisée en 2002). Cependant le concept de circularité est antérieur : il a été proposée en 1966 dans un livre de Kenneth Boulding. ll préconise que l’homme doit s’inscrire dans un système écologique cyclique capable d’une reproduction continue de toute forme matérielle3. Le terme d’économie circulaire apparaît, lui, pour la première fois dans un livre d’économie de l’environnement en 1989 (R Kerry Turner et David William Pearce , 1989).

Le premier livre sur l’économie circulaire en langue française paraît en 2009 (Économie circulaire : l’urgence écologique4 écrit par Jean-Claude Lévy), et attire alors l’attention des écologistes et des médias5,6. En France, ce premier livre est suivi d’une mission ministérielle voulue par Pascal Canfin, alors ministre du Développement international au ministère des Affaires étrangères, sur l’économie circulaire dans le développement menée par Jean-Claude Lévy et Vincent Aurez (rapporteur). La mission a mené à la publication d’un article7 puis d’un livre qui ont soutenu les travaux sur le sujet lors de la conférence environnementale.

La pratique d’une économie circulaire est beaucoup plus ancienne : « jusqu’aux années 1930, on collecte et on utilise des boues et des ordures ; au-delà, on enlève et on détruit ou élimine des déchets »8.

 

Éléments de définition

L’économie circulaire se veut plus « écologiquement vertueuse » que les modèles économiques classiques qui basent le développement économique sur une production de richesse ou de plus-value se traduisant par une destruction de ressources9.

Elle promeut pour cela un système économique et industriel d’une part sobre en carbone et en énergie et d’autre part sobre en ressources naturelles pas, peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables, fondé sur l’écoconception des produits et services qui doit favoriser le recyclage au meilleur coût.

Pour Arnaud Gossement, spécialiste du droit de l’environnement, malgré un travail et rapport du comité opérationnel français no 31 sur « l’économie de fonctionnalité » faisant suite au Grenelle de l’environnement, « l’expression « économie circulaire » n’est pas tout à fait stabilisée »5 et l’expression ne figure pas dans la feuille de route pour la transition écologique écrite pour mettre en œuvre la conférence environnementale qui évoque, elle, une « transition écologique de l’économie ».

En tant que théorie, l’économie circulaire est compatible avec les théories de l’économie de la frugalité ou de la décroissance ou de la sobriété heureuse. Elle semble cependant également compatible avec un modèle classique optimisé et intégrant l’écoconception, mais reposant toujours sur le recyclage rapide d’objets rendus désuets par la mode et la publicité ou par une obsolescence technique programmée.

L’économie circulaire présente entre autres deux enjeux environnementaux et économiques10.

D’un premier côté, l’enjeu est de pouvoir répondre à la problématique que posent l’obsolescence programmée des produits et la croissance importante de la consommation mondiale de matières premières. L’économie circulaire intervient dans l’optimisation de l’utilisation11 des ressources limitées (dont le foncier) ou en voie de raréfaction (quatorze minéraux ou métaux dont le béryllium, le cobalt, l’indium, le magnésium, les terres rares et le tungstène sont de plus en plus demandés par l’industrie, ce qui peut être source de tensions sociopolitiques et d’inégalités).

Elle joue un rôle nouveau dans la gestion des déchets et du recyclage. À cet égard, l’économie circulaire est un modèle innovant qui a pour objectif de rechercher l’efficience de l’économie des ressources12. Cela passe par le fait de donner une seconde vie aux produits et notamment par des méthodes de réemploi, de réparation et de réutilisation des matières premières.

D’un autre côté, l’économie circulaire conduit aussi à des avantages économiques. Cette méthode peut être facteur d’attractivité d’un territoire et d’opportunité d’emplois13. Le déploiement d’une économie circulaire permet de créer de nouvelles activités, notamment dans le secteur de l’écoconception, gestion des ressources naturelles et des énergies renouvelables.

L’économie circulaire permet également la sécurisation des approvisionnements. Elle permet l’approvisionnement en ressources naturelles critiques, de répondre à de nouveaux modes de consommation et de réduire les coûts. Face à l’augmentation de la demande en ressources émanant de la population, et pour faire face à la raréfaction des ressources, certaines entreprises sécurisent leur approvisionnement en recyclant leurs propres produits ou en collectant, puis recyclant les déchets. Pour répondre aux nouveaux modes de consommation, il existe la consommation collaborative. 48 % des Français pratiqueraient régulièrement la consommation collaborative et 80 % d’entre eux compteraient la pratiquer. Les opportunités de réduction des coûts sont la réduction de la consommation des matières premières, la réduction du coût d’élimination des déchets ou le prolongement de la durée de vie des produits.

Selon un rapport de McKinsey réalisé pour la Fondation Ellen MacArthur, l’économie circulaire permettrait aux entreprises d’économiser annuellement plus de 240 milliards de dollars en Europe, en réduisant la consommation des matières premières14.

La fondation Ellen MacArthur, créée en 2010 avec un groupe de « partenaires fondateurs » — B&Q6BT Group CiscoNational Grid et Renault — pour inspirer un monde repensé et un avenir positif, a produit deux rapports4 sur l’économie circulaire (associée à l’économie de la fonctionnalité) et contribue à diffuser ce concept2.

Le concept d’économie circulaire est toutefois trompeur, selon les décroissants15. Il fait fi des considérations exergétiques qui veulent qu’à chaque étape, quelle qu’elle soit, il faille introduire derechef de l’énergie dans le cycle. Par ailleurs, il est impossible d’empêcher entièrement la dissémination des matériaux16. Le cycle théoriquement fermé s’avère en réalité pour partie ouvert. Ainsi, à titre d’exemple, parmi les plastiques, seuls les emballages dotés de la mention PETE ou HDPE sont recyclables, en l’état actuel de la technique. Ces emballages plastiques peuvent servir à fabriquer des vestes polaires non recyclables, le plastique ne pouvant être réutilisé qu’une seule fois17.

Selon un rapport18 de l’ONG Circle Economy, la réutilisation des ressources augmente (3% entre 2015 et 2017) moins rapidement que l’extraction des matières premières19.

 

En France

La notion d’économie circulaire20 fut médiatisée à l’occasion du Grenelle de l’environnement en 2007.

Pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME)12, l’économie circulaire se compose de trois domaines d’actions, chaque domaine s’appuyant sur des axes d’orientation formant les 7 piliers de l’économie :

Elle est parfois associée à la notion de troisième révolution industrielle qui lui ajoute une dimension de production locale et décentralisée de l’énergie (« économie latérale »), via, selon Jeremy Rifkin, économiste américain promoteur d’un nouveau paradigme économique, un réseau électrique intelligent qui, à l’image d’Internet pour les informations, constituerait une sorte d’Internet de l’énergie.

Par leurs compétences, les collectivités territoriales sont des acteurs clés de la mise en place d’une économie circulaire7.

Le député français François-Michel Lambert, président et cofondateur avec la sénatrice Chantal Jouanno de l’Institut de l’économie circulaire22,23, lancé le , il est riche de cent cinquante membres.

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et l’Institut de l’économie circulaire ont organisé le  à Paris les 1ères Assises de l’économie circulaire24,25,26.

Selon le ministère français de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, l’économie circulaire a pour objectif de rompre avec la logique linéaire qui prévaut : extraire, fabriquer, consommer, jeter. Face à l’épuisement de nos ressources, l’économie circulaire propose de produire autrement, en intégrant une exigence écologique à tous les niveaux, de la conception, en passant par la production, jusqu’au recyclage. Dans ce modèle, les sources d’énergie utilisées doivent être le plus possible renouvelables et le recours aux produits chimiques évité, mais le maillon essentiel est bien le zéro déchet27.

En Europe et dans le monde

De nombreux pays mettent en place un certain soutien à l’économie circulaire, parfois marqué par exemple en Suisse où le Canton de Genève l’a inscrite dans sa constitution, au Japon (via une Loi-cadre) ou en Écosse ou dans la ville de Roubaix où l’on vise une politique zéro déchet). La Chine a annoncé vouloir développer 100 « villes-modèles » dans le domaine… Un petit tour du monde d’économie circulaire proposé par Olivier Dubigeon28.

La Commission européenne avait annoncé le  introduire dans son agenda 2015 une révision de la législation sur les déchets pour en faire un paquet législatif ambitieux sur l’économie circulaire, mais le , ce projet était abandonné par le collège des nouveaux commissaires « en raison d’une absence d’accord sur son contenu au niveau du Conseil européen »29, alors même que ce projet était « soutenu par des entreprises, et une majorité d’eurodéputés et de ministres de l’environnement »30, malgré la « colère » des collectivités locales, le soutien officiel (notamment manifesté par un courrier commun signé le 31) d’une dizaine d’États (et de leurs ministres de l’environnement) et l’adhésion de grandes collectivités territoriales (le Comité des régions a notamment fermement demandé son retour (mi-)32. Le comité des régions demande au moins la mise en œuvre urgente de 5 mesures : interdire la mise en décharge de déchets recyclables et biodégradables au , adopter une règle unique de calcul des taux de recyclage pour toute l’UE , utiliser des produits recyclés dans les produits du marketing, se fixer des objectifs ambitieux en matière de recyclage des biodéchets et pour la productivité des ressources (au moins 30 % de hausse d’ici à 2030). Un représentant33,29 de la Commission a annoncé à Bercy le , que le paquet ne serait pas « abandonné » mais « remanié » pour « encourager le recours aux labels et à l’éco-conception »29. Le texte prévu pour  a été repoussé (à la suite notamment de désaccords sur les ambitions à avoir en matière de réduction des déchets mis en décharge (10 % du total des déchets municipaux générés en 2030 dans la proposition initiale, objectif jugé en 2017 trop ambitieux par la commission qui veut le reporter à 2040, alors que le Parlement s’y oppose)34.

En , le Parlement européen a approuvé des recommandations pour que les États membres adoptent des lois donnant aux consommateurs le droit de réparer leurs appareils électroniques.[réf. nécessaire]

Dans un rapport à paraître, le club de Rome estime que la stratégie d’utilisation efficace des matières, qui passe notamment par la prévention des déchets et des gaspillages et la maximisation de la réutilisation et du recyclage, entraînerait, à elle seule dans le cas de la Suède qui a été étudié, une réduction de 10 % des émissions de GES, la création de 50 000 emplois et plus de 2 points de croissance. Fort de ces résultats, dans le contexte actuel d’urgence climatique et de crise économique, le club de Rome invite l’UE et ses États membres à faire de l’économie circulaire un élément essentiel des politiques de lutte contre le changement climatique35.

 

Source Wikipedia

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