Le concept de transition écologique, élaboré par Rob Hopkins1, regroupe un ensemble de principes et de pratiques formés à partir des expérimentations et des observations d’individus, de groupes, de villages, villes ou communes, lorsqu’ils ont commencé à travailler sur les problématiques de résilience communautaire, d’économie en boucle et de réduction des émissions de CO2.
Ces principes ont été déclinés dans les domaines de l’agriculture (permaculture), des usages dans les villes (avec le mouvement des villes en transition) ou plus généralement avec le principe écologique de résilience.
Après la première et la seconde révolution industrielle, respectivement fondées en grande partie sur l’exploitation des ressources naturelles (sols, poissons, forêts, charbon puis pétrole qui ont été largement surexploités et/ou ont posé des problèmes de pollution et de dérèglement climatique), « une nouvelle transition énergétique est nécessaire »3. « En effet, les ressources énergétiques pour répondre à cette consommation, qui sont à 80 % des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), sont à la fois épuisables, inégalement réparties, tendanciellement de plus en plus chères et première cause du réchauffement climatique »3. En 2013, un groupe d’experts a proposé comme définition de la transition énergétique : « Aller vers un modèle énergétique qui permette de satisfaire de manière durable, équitable et sûre (pour les hommes et leur environnement) les besoins en énergie des citoyens et de l’économie française dans une société sobre en ressources naturelles, en énergie et en carbone », avec de nombreux enjeux (Mix énergétique, Politique industrielle, compétitivité et emplois, Maitrise de la demande d’énergie, Consommation des ménages, justice sociale et précarité, questions Climat-énergie Sureté, impacts environnementaux et sanitaires, Sécurité d’approvisionnement et balance commerciale, Prix, coût, fiscalité et financement, cohérence macro-économique, Gouvernance)4.
Lors de la Conférence environnementale sur le développement durable des 14 et 15 septembre 2012, le gouvernement Français a décidé d’établir une « feuille de route » sur la transition écologique. Pour cela, cinq tables rondes ont été organisées avec pour thèmes la transition énergétique, la biodiversité, les risques sanitaires, la fiscalité écologique et la gouvernance environnementale. À ce jour, la majorité des actions de transition écologique se prépare et se met en place au niveau local, par exemple au moyen de projections de films, de rencontres et de création de groupes, y compris dans le monde des entreprises 5. En , le Conseil national du débat a adopté un document portant « synthèse du débat national sur la transition énergétique », organisé autour de 15 enjeux majeurs3, remise au Gouvernement avec 23 annexes lors de la Conférence environnementale des 20 et et une contribution du groupe d’experts6.
Le Conseil national de la transition écologique (CNTE), créé en , a par exemple donné son avis sur le « projet de loi relative à la biodiversité » qui vise à mieux intégrer dans le droit français certaines obligations internationales découlant de la convention sur la diversité biologique (CBD) ou du Protocole de Nagoya, du droit européen de l’environnement, dont la directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM), ou encore la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). Ce projet prévoit notamment d’introduire en France le principe de « solidarité écologique » et une Agence française pour la biodiversité.
Le ministère chargé de l’écologie et du développement durable a lancé en une consultation citoyenne et publique ( – 7) sur l’avant-projet de « Stratégie nationale de la transition écologique vers un développement durable 2014-2020 (SNTEDD)8 » ; une version de la SNTEDD, enrichie des résultats de cette consultation sera soumise au Conseil national de la transition écologique (CNTE) qui donnera son avis sur ce projet. Cette SNTEDD sera ensuite soumise à approbation au « Comité interministériel au développement durable » et succédera à la Stratégie nationale de développement durable 2010-2013. Le projet de stratégie propose pour la période 2014-2020 « des orientations et des priorités pour répondre aux grands enjeux environnementaux (changement climatique, perte de biodiversité, rareté des ressources, risques sanitaires environnementaux) et à leurs conséquences économiques et sociales. Des indicateurs de suivi pour mesurer l’ambition et l’impact des actions et politiques menées en faveur de la transition écologique, seront adossés à la SNTEDD7 ». Des indicateurs appropriés sont à l’étude en 20147
Un volet important de cette transition est la transition énergétique ; Les premiers éléments du projet de loi sur la transition énergétique ont été transmis à la commission spécialisée du débat national en , il s’agit de sept documents de travail (non validés par l’Exécutif) relatives au soutien des EnR et au nucléaire ou relatives aux émissions de CO29 ; Un « complément de rémunération » pourrait soutenir l’électricité verte en « articulation » avec les aides par un tarifs d’achat soutenu ; par ailleurs un organisme indépendant d’EDF pourrait devenir opérateur spécialisé de l’achat d’électricité renouvelable9. Des budgets carbone (plafonds d’émissions à ne pas dépasser) pourraient être fixés et révisés à la baisse tous les 5 ans9. Selon l’AFP, ces 7 documents n’évoquent pas l’objectif précédemment affiché de 50 % de production d’électricité nucléaire en 2025, ni les moyens d’y parvenir, mais le dispositif actuel de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement des installations nucléaires devrait être « intégralement » modifié9.
Une consultation citoyenne et publique a été lancée par le ministère chargé de l’écologie et du développement durable en ( – )7) sur l’avant-projet de « Stratégie nationale de la transition écologique vers un développement durable 2014-2020 (SNTEDD) » ;
une version de la SNTEDD, enrichie des résultats de cette consultation sera ensuite soumise au Conseil national de la transition écologique (CNTE) qui donnera son avis sur ce projet. Cette SNTEDD sera ensuite soumise à approbation au « Comité interministériel au développement durable » et succédera à la Stratégie nationale de développement durable 2010-2013.
L’avant-projet () de la stratégie est construit selon 9 axes transversaux, subdivisés en priorités :
Cette stratégie publiée par le CGDD le a été élaborée au sein du Conseil national pour la transition écologique (CNTE) puis adoptée en conseil des ministres (le )10.
Organisée autour de quatre enjeux (changement climatique, biodiversité, raréfaction des ressources, risques sanitaires et environnementaux), elle vaut pour la période 2015-2020. Elle doit se traduire dans les grands documents et plans structurant l’action publique territoriale (dont dans les contrats de plan État-région)10. Elle reprend les stratégies préexistantes sur la biodiversité, l’adaptation au changement climatique, le risque inondation, santé-environnement, la stratégie bas-carbone, etc. et se décline ainsi en neuf axes transversaux (voir ci-dessus), regroupés en trois thèmes :
Un rapport annuel sur son application sera soumis au Parlement chaque année (avec 39 indicateurs de suivi)10.
Le président Emmanuel Macron a critiqué: «Si vous allez à la Maison-Blanche ou au palais de l’Élysée pour dire : “maintenant, il va falloir vous adapter et payer plus cher”, je peux vous assurer que vous accroîtrez les inégalités sociales»11.
En , la Commission européenne a présenté le « pacte vert pour l’Europe », dont le but est de faire bénéficier les entreprises et citoyens d’une transition écologique durable, par la mise en place d’une feuille de route (réduction des émissions, investissements dans la recherche et les innovations). Selon la Commission « le pacte vert vise aussi à protéger, préserver et consolider le patrimoine naturel de l’UE, ainsi qu’à protéger la santé et le bien-être des citoyens des risques et incidences liés à l’environnement12. »
Pour encourager et accompagner les changements de comportement en France, l’ADEME a publié en 2016 un ouvrage intitulé Changer les comportements, faire évoluer les pratiques sociales vers plus de durabilité13 qui propose des bases (concepts et conseils pratiques)[Lesquelles ?] à tous ceux qui travaillent sur le changement de comportement des individus et des ménages au service de la transition écologique, en présentant comment des disciplines telles que les sciences humaines et sociales (psychologie, économie, sociologie, etc.) abordent ce sujet de manière complémentaire. Le livre liste aussi les outils existant pour les acteurs publics et associatifs pour l’information, la sensibilisation, marketing, les nudges (incitations économiques, législation, etc.), utilisables à différentes échelles territoriales.
L’Éducation nationale prend aussi sa part dans ce changement profond de la perception de notre rapport à la nature. Longtemps il s’est agi d’une Éducation à l’environnement et au développement durable. Le terme « Transition écologique » n’est cependant toujours pas explicitement présent dans les programmes. Seule apparition, les Instructions officielles de Seconde de Géographie sont centrées sur l’idée de « Monde en transition »14 , dans une interprétation de ce concept commune à toutes les sciences humaines. 15
Le laboratoire d’idée The Shift Project nous prévient que la technologie, à elle seule, ne pourra sauver le monde, et que la sobriété, énergétique et matérielle, a un rôle essentiel à jouer16. Les pistes qu’il préconise consistent tout d’abord à « ne rien faire de mal », puis à « bâtir une administration territoriale au service de la transition écologique et de la résilience ». Il convient de travailler sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire de telle sorte que la place de la voiture soit réduite et l’artificialisation des sols ralentie17,18, et rendre les territoires résilients en matière alimentaire, économique et de santé19. Et il faudra « dégonfler les grandes villes au profit des villages et des villes moyennes »20,21. Le WWF prône la mise en place d’une planification écologique22.
La création d’un ministère chargé de la « planification écologique territoriale » permettrait à l’administration territoriale de se mettre au service de la transition écologique23,22, à l’échelle des établissements publics de coopération intercommunale ou des pôles d’équilibre territoriaux et ruraux. Cette échelle territoriale est nécessaire selon Réseau Action Climat – France24, mais aussi selon l’association négaWatt25. Le ministère délégué chargé des Collectivités territoriales est effectivement créé en 2022.
En 2008, le collectif Trapese a publié une critique intitulée The Rocky Road to a Real Transition à laquelle Hopkins a répondu. Le débat portait en partie sur la façon dont le changement social est pris en compte26.
Le Dictionnaire de la pensée écologique présente quant à lui deux définitions de la « Transition », reflet des débats autour de ce terme 27. Le premier affirme la dimension téléologique de la Transition écologique, comme avenir inéluctable si l’humanité veut échapper au chaos des dérèglements qu’elle a déclenchés. Le second replace la transition dans le champ des sciences humaines, comme simple outil d’analyse de mécanismes de tous ordres (démographie, politique, économie…) avec des étapes, des champs d’application.
The Shift Project définit les « sept péchés territoriaux » de la transition écologique28,29 : ignorance, technosolutionnisme, cloisonnement, désinvolture, perfidie, agitation, irresponsabilité.
Il faut s’informer des enjeux, tout ne se résout pas par la technique, la sobriété a un rôle à jouer. Tous les sujets sont intriqués, il faut éviter de se disperser, ne pas mettre en place des actions dont on sait qu’elles n’aboutiront pas et agir de manière responsable28. Les villes et territoires étant tous différents, The Shift Project ne propose pas de recette unique pour enclencher cette transition, mais fait une liste de recommandation sur l’attitude à adopter pour y parvenir30 :
Source Wikipedia
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