Bonjour Marie, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre équipe ?
Nous sommes 3 co fondateurs – Hélène Gueret, Guillaume Haffreingue et moi-même.
Nous avons décidé de trouver une alternative à l’incinération, enfouissement des chaussures en fin de vie – Nous nous sommes rapidement entourés d’une équipe d’experts: industriels, chercheurs en recyclage et valorisation des matériaux plastiques et élastomères.
Nous avons réuni un comité scientifique afin d’accélérer sur la recherche d’exutoires, avec l’intention de monter des filières de production pérennes.
Nous étendons nos gisements à d’autres biens, comme des articles de sport qui nous permettent de sourcer des matières intéressantes à intégrer dans nos alliages.
Pouvez-vous présenter l’activité de REVIVAL ?
REVIVAL est une entreprise industrielle et technologique de revalorisation des plastiques et caoutchoucs issus des biens de consommation dont les chaussures avec l’objectif de traiter leur fin de vie en les transformant en une nouvelle matière réutilisable pour fabriquer des produits composés de plastiques en France ou en Europe.
Nous sommes en parfaite disruption avec le monde du recyclage puisque nos gisements sont tracés (les clients ont une vue en temps réel – le « deliveroo du traçage ») et un compteur d’économie d’impact .
Cette économie d’impact est calculée suivant la méthode PEF, validée par l’Ademe et l’Europe – il est primordial d’utiliser des référentiels officiels.
Quelle a été la genèse de la création de votre entreprise ?
Nous voulons recycler les 1,5 millions de tonnes de déchets de mode qui sont incinérés ou exportés chaque année en l’Europe.
Les marques sont déjà soumises à la pression réglementaire de la loi AGEC – et ne peuvent plus détruire leurs invendus – elles ont besoin de solutions de recyclage – nous leur apportons ce premier niveau de service.
Nous anticipons qu’elles vont petit à petit être dans l’obligation d’incorporer des matières recyclées dans leurs productions – nous les préparons à cela en travaillant avec elles dès maintenant sur une boucle circulaire vertueuse.
A qui s’adresse votre offre et à quels besoins répond-elle ? ou quels sont les problèmes que votre offre solutionne et de quelle manière ?
Nous servons les marques et les distributeurs qui ont décidé d’assumer la responsabilité de la fin de vie des produits qu’ils mettent sur le marché.
Nos clients sont très dépendants des matières provenant d’Asie à un cours fluctuant.
En leur proposant des matières premières recyclées ou des alliages issus de la régénération de gisements existants, sur le sol français, nous serons en capacité de leur vendre des matières à un prix stable – aider les acheteurs à s’affranchir tout ou partiellement de la volatilité du cours des matières premières est ultra important.
En quoi votre offre est-elle innovante ou nouvelle sur le marché ?
Nous avons un scope de compétences complets – et indispensable à la bonne exécution de notre proposition de valeur :
Notre puissance commerciale réside non seulement dans nos résultats R&D et dans nos lancements semi-industriels mais de plus en plus dans notre capacité à garantir une traçabilité des gisements quelque soit leur origine: invendus, invendables, flux reverse ou produits usagés.
Quel est votre modèle économique ? (Comment gagnez-vous de l’argent ? Comment faites vous pour créer de la valeur, pour la diffuser et la capturer ?)
Nous commençons en facturant la prestation de recyclage –
nos revenus vont petit à petit provenir de la vente de nos exutoires : matières premières recyclées, alliages, ou mélange de matières broyées prêtes à être formulées.
C’est le cas du revêtement pour piste cyclable que nous avons co breveté : nous préparons les matières dans les bonnes proportions et nous confions la production à l’installateur qui installe les pistes.
Notre capacité à nous allier à des industriels est notre force – nous mettons la R&D au service de l’industrie et de la construction de filières de production française pour générer des emplois en France.
Quels impacts positifs avez-vous sur la planète ?
Nous mesurons tous nos process.
Nous faisons un ACV de nos process de recyclage et de tous les exutoires dans lesquels sont utilisés nos produits;
La mesure d’impact n’est pas une mesure figée, elle se pilote de façon dynamique, en suivi les opérations industrielles.
Chaque gisement entrant est différent et va demander plus ou moins d’énergie pour être préparé – il faut savoir appliquer au gisement le bon niveau de recyclage, pour toujours générer moins d’impact que l’incinération .
Quels impacts positifs avez-vous au niveau social ?
Nous créons des emplois en remettant au travail des gens sortis du système. Nous bénéficions du soutien du gouvernement et de la région Hauts de France – c’est précieux !
Quels impacts positifs avez-vous au niveau entreprise ou particulier (moins de pollution, meilleur pour la santé etc.. comment votre offre fait-elle gagner ou économiser de l’argent aux entreprises ou aux particuliers / utilisateurs ?)
Notre travail va permettre d’économiser l’importation de matières neuves.
Les entreprises gagnent des points RSE – grâce aux volumes qui montent en puissance, nous allons petit à petit aligner le prix des matières recyclées sur celles des matières neuves – voir être en dessous.
Nous leur apporterons à terme des économies financières.
Pouvez-vous nous présenter une ou plusieurs réussites de clients ?
C’est une PREMIÈRE MONDIALE ! Notre premier exutoire en boucle fermée pour une marque haut de gamme en pleine croissance et dont le positionnement RSE fait partie de son ADN depuis 15 ans.
En Novembre 2022, REVIVAL sort sa première production : mix caoutchouc régénéré à partir de semelles et matière vierge ayant les mêmes propriétés intrinsèques que la matière neuve.
Nous travaillons dans notre laboratoire pour mettre au point les mélanges et faire tous les
Nous travaillons avec la société SACRED, un des derniers fabricants de semelles en France.
Nous sommes les seuls à maîtriser une telle qualité de matière régénérée.
Nous avons dans notre comité scientifique, des experts qui nous permettent d’accélérer.
Quels sont les principaux challenges que vous avez dû relever ?
Nous avons dû signer nos premiers contrats cadre – de prestation de recyclage – avant d’avoir reçu toutes les machines !
Il faut laisser le temps de la R&D, faire des tests en labo, puis en pré industriel et enfin industriel – il faut trouver les bons partenaires et les financements.
On ne lance pas une dévulcanisation de 1 tonne de caoutchouc comme on bouge une ligne de code sur un logiciel 😉
Et j’en sais quelque chose, je viens du monde du digital !
Quelles sont les perspectives du ou des marchés que vous visez ? Comment voyez-vous l’évolution de votre entreprise ?
Nous souhaitons ouvrir plusieurs unités de recyclage (de préparation des matières) en France et en Europe – en nous rapprochant des points de collecte.
Notre challenge sera de créer un maillage de partenaires industriels qui pourront nous garantir un même niveau de qualité partout dans le monde.
Lorsque l’on crée une société , il faut appliquer la politique des petits pas – on ne doit pas viser d’être le premier de la classe tout de suite, surtout dans l’industrie.
Il faut laisser le temps de la R&D – trouver des moyens de tester à moindre coût et comme en design de service, ECOUTER ses clients !
Le dernier mot : Nous croyons sincèrement que les matières issues des produits usagés que nous portons peuvent devenir de l’or et se substituer à des matières neuves ultra polluantes mais il ne faut pas surestimer ces potentiels.
Toute la fast fashion que nous collectons, particulièrement les chaussures, est d’une qualité effrayante.
Alors consommons moins, mieux, réparons et ne jetons que l’ultime – Revival aura largement assez de travail et fera d’autant mieux son job avec des gisements entrants “slow fashion” !
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